Rencontre avec Anthony Denis, floral designer et formateur

Un nœud papillon fleuri, un cornet de glace rempli de fleurs stabilisées, des décors aux couleurs acidulées… L’univers d’Anthony Denis est unique de par ses inspirations et diverses expériences personnelles et professionnelles qu’il nous raconte dans cette interview. Aujourd’hui formateur, il a à cœur de transmettre sa passion pour l’art floral aux fleuristes de demain, en n’oubliant pas de cultiver l’avenir radieux des végétaux stabilisés.

SecondNatur : Bonjour Anthony, pouvez-vous nous décrire votre parcours ? Pourquoi vous êtes-vous orienté dans la fleuristerie ?
Anthony Denis
: Et bien tout d’abord, cela fait 15 ans que je suis fleuriste ! Plus petit, je voulais faire beaucoup de choses, mais je ne savais pas où me diriger. C’est un soir autour de mes 13 ans, lors d’une balade avec ma mère que l’on est arrivé à parler du métier de fleuriste. Lors de nos balades, je lui cueillais toujours des bouquets de pissenlit et elle m’a tout simplement dit « mais pourquoi n’essayerais-tu pas d’être fleuriste ». L’idée a germé et 15 ans plus tard, me voilà toujours fleuriste, mais sur Paris. 😊 

J’ai fait mes quatre années d’apprentissage en Champagne-Ardenne dans ma région natale, j’ai eu la chance de faire quelques concours étant apprenti avec des professeurs et maîtres d’apprentissage qui ont toujours su me pousser et me soutenir ! Vers mes 20 ans, je suis arrivé en région parisienne, car je voulais évoluer et voir un maximum de choses ! J’ai eu la chance de travailler dans de belles boutiques parisiennes, pour un Meilleur Ouvrier de France, pour un Atelier parisien et j’ai même travaillé dans un libre-service ! Dans un premier temps, cette expérience a été pour moi un échec. Je n’avais pas cette idée de travailler un jour dans un libre-service, mais finalement ça m’a ouvert sur beaucoup d’autres choses. C’est à ce moment précis que j’ai commencé mes créations (Barbie, cornet, nœud papillons, etc). Finalement avec du recul toute expérience est positive !

J’ai la sensation d’avoir eu la chance de voir et faire beaucoup de choses, ce qui me donne plus confiance dans mon travail et me rassure pour l’avenir.

Aujourd’hui, je suis responsable d’un atelier que je gère en toute autonomie avec une clientèle uniquement professionnelle (Hôtellerie, bureaux, évènementiel, etc). Je suis également formateur pour le centre de formation Formagreen, et j’ai ma micro-entreprise à côté qui me permet de faire quelques événements en mon nom lorsque cela se présente (comme dernièrement la journée presse du Pâtissier Pierre-Hermé).

SN : Pouvez-vous nous parler de votre travail, de vos créations ?
AD : Côté création, pas de mystère, tout vient au détour d’une expo, d’une soirée, d’une rencontre, d’un film… de la vie en général. En 2014, je voulais me faire un nœud papillon pour la Saint-Valentin et j’ai, ce jour-là, beaucoup de clients qui m’ont demandé où ils pouvaient trouver ça ! J’étais scotché, je ne m’attendais pas à un tel engouement ! J’ai gardé l’idée et l’ai peaufinée pour réaliser ceux que l’on connaît aujourd’hui.

Pour les Barbies, j’ai tout simplement été voir l’expo consacrée à cette poupée connue du monde entier, que j’ai eu l’idée d’habiller en fleurs ! Les grands couturiers l’avaient fait, je me suis dit : “Pourquoi pas en fleurs !”

En fait, j’aime détourner la fleur et m’amuser avec : la retrouver là où on ne l’attend pas, jouer avec les couleurs, les codes, les envies ! On m’a souvent dit : « Anthony, tu ne postes pas assez sur les réseaux… » mais je considère que l’on voit déjà beaucoup de fleurs, de bouquets. Faire des choses que l’on voit déjà beaucoup ne m’intéresse pas vraiment. J’aime la surprise et l’étonnement, que l’on se demande : « Mais comment a-t-il fait ça ? » Ça me plait !

Pour les derniers shootings, c’était un projet avec mes deux amis photographes : on avait envie de mettre en valeur une personnalité dans un décor fleuri ! J’ai puisé mon inspiration uniquement dans ce que le modèle, la personne, dégageait. Ce qu’elle représentait et dans quoi je l’imaginais en fonction de son style vestimentaire, sa couleur de cheveux, son feed Instagram, etc.

SN : Pouvez-vous présenter vos missions principales en tant que directeur artistique au sein de votre entreprise ?
AD : Alors je n’ai pas d’entreprise où je fais ça tous les jours, mais ma mission principale serait de surprendre, détourner, faire rêver. Que l’on aie tout simplement une réaction devant une photo : positive ou négative, qu’importe. Mais surtout que je prenne du plaisir à le faire.

SN : Sur vos réseaux sociaux, nous pouvons voir que vous avez travaillé sur des coiffes en végétaux stabilisés, pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
AD : Et bien, ces coiffes étaient un projet avec un photographe. Il avait un concours et devait réaliser 4 photos, avec un lien. Aimant les fleurs, ça a été tout naturel qu’il me propose de réaliser les 4 saisons de l’année en coiffe.

SN : Qu’est-ce qui vous plaît dans le travail des végétaux stabilisés ?
AD : La longévité évidemment. C’est déjà un gros point pour des clients qui souhaitent une création qui tienne sur le long terme ! Surtout qu’aujourd’hui il existe un panel de fleurs et de couleurs très large afin de pouvoir réaliser beaucoup de choses ! Dans mon travail, où j’utilise souvent les pétales, il est assez facile de trouver son bonheur avec le stabilisé.

De plus, à la différence du séché ou de l’artificiel, on garde un aspect naturel, que ce soit au toucher ou visuellement.

SN : Quelles sont vos fleurs ou végétaux préférés ?
AD : 
J’aime le Dahlia, pour ses couleurs vives ! Les graminées, toutes les baies en général. L’Asparagus plumosus pour sa légèreté, le delphinium pour son côté royal et ses couleurs profondes. Et évidemment beaucoup d’autres, il y a tellement de choix ! C’est inépuisable.

SN : Quelle importance accordez-vous à l’aspect écologique dans votre travail ?
AD : C’est un sujet qui revient de plus en plus ! Que faire des fleurs utilisées sur un shooting ? Généralement on récupère les fleurs d’un shooting pour en faire des bouquets et les offrir au voisinage, au modèle, ou au studio qui nous reçoit.

Nous avons la chance, sur le marché de Rungis, d’avoir un secteur dédié aux fleurs (fleurs de production Ile-de-France). Ce sont d’ailleurs des producteurs qui sont toujours dévalisés ! Car nous faisons de plus en plus attention à ce que nous achetons. Je pense que les producteurs hollandais essaient de trouver des solutions pour limiter les dégâts sur l’environnement liés à notre activité, mais je pense que ce secteur n’est pas encore assez impliqué à ce sujet. Tout du moins, il ne communique pas à ce sujet.

J’ai des clients, en particulier pour Noël, qui me demandent beaucoup, et de plus en plus, de sapins RSE ! Mais nos fournisseurs n’en sont pas encore à ce niveau. Du coup, il y a un décalage entre la demande client et ce que nous pouvons trouver sur le marché.

D’un point de vue écologique, je ne connais pas le procédé pour rendre, par exemple, une rose stabilisée. Mais évidemment, ça va dans le bon sens puisque l’on évite la surconsommation.

SN : Vous avez récemment organisé le décor pour la journée de presse de Pierre Hermé, pouvez-vous nous en dire plus sur ce projet ?
AD : C’était un projet fou ! C’est grâce au shooting que nous avons fait pour Léna Situations, que l’équipe scénographe de Pierre Hermé m’a contacté ! Lorsque j’ai reçu leur mail fin juin, j’étais littéralement scotché, mais aussi tellement excité. C’était pour moi une consécration, une reconnaissance pour le travail et les sacrifices que j’ai pu faire au cours de mon parcours professionnel !

Nous nous sommes rencontrés afin qu’ils me fassent part de leur projet. J’ai ensuite, pendant deux mois, peaufiné et échangé avec eux sur le style à donner, les fleurs choisies, etc. Fin août, j’ai réalisé un décor de 1m² avec les fleurs sélectionnées afin de valider le choix et de rassurer tout le monde, aussi bien eux que moi.

Le 16 septembre c’était le jour J ! J’ai déjà eu, de part mon travail, la chance de réaliser de gros décors dont un mur de fleurs de 50m², mais là c’était en mon nom propre pour Pierre-Hermé, et tout s’est passé à merveille ! Nous avions tellement échangé avec l’équipe de Pierre-Hermé, que tout était tiré au cordeau, aucun problème le jour de l’installation, il ne manquait pas une fleur ! Ça a été un projet MAGNIFIQUE ! Toute l’équipe de Pierre-Hermé était très contente ! J’ai depuis eu la chance de travailler de nouveau avec eux : un autre petit décor, des fleurs pour une réception à la tour Eiffel, réalisation de leurs décors de vitrines, etc.

Au-delà de cette chance inouïe d’avoir pu travailler pour ce célèbre pâtissier, j’ai avant tout rencontré des personnes formidables avec qui, professionnellement et artistiquement, on s’entend et se comprend à merveille. Et ça, ça n’a pas de prix ! J’espère que d’autres projets arriveront. 

SN : Quelles sont les collaborations que vous avez préférées ? Que vous ont-elles apportées ?
AD : Dans un premier temps, la collaboration avec mes deux amis photographes. Toutes ces photos avec les modèles m’ont permis, sans m’en rendre compte, de prendre confiance en moi et dans mon travail ! Tous ces shootings nous ont conduit à avoir la chance de shooter Lena Situations, et c’est grâce à son post Instagram que l’équipe de Pierre-Hermé m’a contacté ! C’est comme si tout était écrit et c’est superbe !

Évidemment cette collaboration avec Pierre-Hermé, est ma plus belle expérience à ce jour d’un point de vue humain et professionnel. 

SN : En quoi consiste la formation Formagreen dont vous êtes le formateur ?
AD : En effet, depuis quelques années maintenant, je suis formateur Formagreen. Plusieurs fois dans l’année, je me rends chez différents grossistes dans toute la France afin de donner, durant l’espace de deux jours, une formation à des fleuristes confirmés sur des programmes prédéfinis (Noël, mariage, bouquets, stabilisé, deuil, etc).

Ces formations sont là, non pour apprendre à quelqu’un à devenir fleuriste, mais pour renforcer les connaissances des fleuristes, leur apprendre de nouvelles techniques et les aider à trouver de nouvelles idées pour leurs boutiques !

Mais c’est avant tout un moment de partage entre nous ! Chaque stagiaire fait part de ses ressentis sur le métier, ses expériences, les produits qu’ils vendent bien et d’autres moins bien, etc. Ça donne vraiment des idées et on repart toujours nourri de nouvelles choses.

SN : Quelles sont vos sources d’inspirations ?
AD : Mes sources d’inspirations, c’est avant tout Rungis, que ce soit le bâtiment des fleurs ou celui des accessoires.

Les magasins de décoration, les vases, les contenants… Les couleurs aussi, surtout aujourd’hui, où nous avons de plus en plus de fleurs teintées ! C’est quelque chose qui me plait énormément, je trouve que nous assumons désormais beaucoup plus les choses teintées et on y va à fond ! Il faut savoir judicieusement l’utiliser, on ne peut pas, à mon sens, faire un bouquet uniquement de fleurs teintées avec des couleurs différentes. Mais apporter une petite note avec un lisianthus teinté dans un bouquet où il n’y a rien d’autre de teinté et bien ça donne tout de suite le ton et apporte beaucoup de cachet à l’ensemble ! Les nuances teintées sont magnifiques ! Dernièrement j’ai acheté des Anthuriums « Hologramme » qui étaient irisés. C’était très artistique, un vrai bijoux !

Le cinéma, la mode m’inspirent beaucoup aussi, ainsi que la musique ! Lana Del Rey est un peu ma muse quand je suis dans un processus de création (Ahah).

SN : Avez-vous des projets à venir ? Un dernier petit secret avant de se quitter ?
AD : Je vais vous décevoir mais pas de gros projet à venir à ce jour ! Néanmoins, j’ai dernièrement eu la chance d’être choisi pour représenter Penja & Rosedor. Je vais réaliser et poster des créations mélangeant les produits exotiques de Penja à la production française de Rosedor afin de, peut-être je l’espère, inspirer d’autres fleuristes et oser le mélange de fleurs exotiques et de fleurs traditionnelles.

J’interviendrai aussi une fois par mois chez différents cash de Rosedor pour faire une démonstration.

Instagram // @anthonydenisflorist
Instagram Formagreen // @formagreen.formations
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